Par Bernard De Backer, chercheur-associé à étopia.

Avant-propos

Dans un ouvrage dense et parfois poignant, combinant diverses approches en sciences sociales – dont des phases d’immersion « participante » sur le terrain – Lionel Thelen nous décrit la réalité des sans-abri de longue durée . Ceci sur trois territoires : Lisbonne, Paris et Belgique (Bruxelles et Verviers). Il analyse également les dispositifs d’aide et d’accueil des personnes sans domicile, du sinistre CHAPSA de Nanterre (décrit par Patrick Declerck dans « Les naufragés ») à certaines maisons d’accueil lisboètes et belges, en passant par des dispositifs d’aide de jour ou ambulatoire, comme La Fontaine ou Diogènes à Bruxelles.
On se gardera bien de tenter de résumer ce livre de 300 pages (version abrégée d’une thèse doctorale) dont certaines particulièrement touffues d’un point de vue théorique ou humainement très perturbantes. Difficile, en effet, de lire le descriptif de l’expérience de sans-abri à Lisbonne ou au CHAPSA du CASH (Nanterre) de Thelen sans avoir l’estomac noué par autant de violence et de cruauté.

Le livre se présente sous la forme d’un triptyque, comportant en son centre les chapitres consacrés aux six « terrains » étudiés et vécus par l’auteur dans trois pays (France, Portugal, Belgique), précédés d’une partie méthodologique et théorique, suivies d’un développement de la thèse centrale sur « l’exil de soi ». L’étude de terrain dans une approche transnationale constitue bien le cœur de l’ouvrage, et le lecteur pourrait s’y rapporter directement pour avoir une idée plus concrète des réalités évoquées, puis lire les deux autres pans du triptyque.

Précisons que l’objet principal est d’analyser le commun dénominateur qui lie les personnes clochardisées : « la désocialisation aiguë », aboutissant à une véritable « dépersonnalisation » et « désubjectivation », d’où le titre de l’ouvrage.

Sommaire

  1. La rue habite le sans-abri et non l’inverse
  2. Paris : l’urgence
  3. Lisbonne : clochards, immigrés pauvres et exilés ruraux
  4. Belgique : de Diogènes à Marie-Louise
  5. Déni des autres, exil de soi
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